6. Présentation du Monde Moldu français

Il n’y a pas que le Monde Magique qui, en France, ait connu un brutal changement de régime dans la fin du XIXème siècle : en 1870, la défaite contre la Prusse sonne le glas du Second Empire Français (et, ironiquement, annonce l’avènement du Second Empire Allemand) et pave la voie à la création de la Troisième République, mettant enfin un terme à la valse des régimes qui a marqué le pays depuis la Révolution.

La fin du siècle a vu les Moldus français bénéficier de considérables avancées sociales, du suffrage universel masculin à la scolarisation obligatoire pour tous, en passant par la promulgation de toute une batterie de libertés fondamentales : liberté de presse, de syndicat, de réunion, de divorce… Ces progrès ne doivent cependant pas masquer la réalité : bien que la France ait connu une industrialisation moins forcenée que l’Allemagne ou le Royaume-Uni, celle-ci est bien présente, et les conditions de vie et de travail des ouvriers restent extrêmement dures. La vie dans les campagnes, elle, demeure la même, avec ses joies et ses misères. Au plan institutionnel, la France continue sa politique centralisatrice, avec ce que cela emporte de régression pour les cultures et les libertés régionales, tandis que la colonisation se poursuit en toute bonne conscience en Afrique et dans l’Océan Pacifique… En termes de politique intérieure, la liberté d’opinion et d’expression s’est traduite par une polarisation des opinions : conservatisme et socialisme doivent maintenant cohabiter dans un monde où les idées du communisme et de l’anarchisme se répandent toujours un peu plus avec le but avoué de mettre bas l’ordre établi.

Malgré cela, cette période de prospérité économique permise par une paix de quarante ans sera plus tard connue sous le nom de « Belle Epoque », car le sort de l’humanité s’y améliore globalement : progrès de la médecine (Wilhelm Röntgen découvre les rayons X en 1895, Becquerel et les Curie-Sklodowska, la radioactivité en 1896), améliorations technologiques (essor de l’électricité, invention de la TSF, apparition de l’automobile) et création d’organismes désireux de faire régner l’entente entre tout le genre humain (expositions universelles à foison, essor de la Croix-Rouge, sociétés intellectuelles internationales, Conférence de Berlin) font croire l’humanité en la possibilité d’un âge où guerres et disettes n’existeront plus, où l’entente régnera entre les peuples et les individus.

L’art est également florissant : en peinture, l’Impressionnisme est remis en cause après cinquante ans de règne par des mouvements audacieux et novateurs comme le Fauvisme (Matisse), le Cubisme (Picasso, Braque) ou le très romantique Symbolisme (Klimt, Munch, Frida Kahlo), qui ne se limite pas aux arts graphiques, mais s’étend aussi à la littérature, porté par des noms aussi illustres que Verlaine, Nerval ou Mallarmé. Là, il affronte le Réalisme (Zola, Mann), et de cette lutte naîtront Surréalisme (Rimbaud) et Modernisme (Proust). Quant à la musique, elle est portée à bout de bras par des grandes figures de l’opérette et de la musique de chambre telles que Johann Strauss III, Claude Debussy, Igor Stravinsky, Gabriel Fauré ou Camille de Saint-Saëns.

Malheureusement, toute cette belle émulation intellectuelle, sociale et humaniste ne va pas tarder à connaître, après les transports de la fête, la pire gueule de bois qui soit : la Première Guerre Mondiale va bientôt éclater pour rappeler aux Moldus que la frontière entre civilisation et barbarie est vite franchie…